Rapport sur les usages pédagogiques du numérique en situation pandémique durant la période de mars à juin 2020

29 / 01 / 2021 | Claudia Vivien

Le contenu du rapport au ministre :

Ce rapport analyse les usages pédagogiques du numérique au service de la continuité pédagogique en situation de crise sanitaire, dans l’ensemble du cursus scolaire, durant la période de mars à juin 2020.

S’appuyant sur de nombreux entretiens, sur une enquête réalisée auprès d’environ 400 professeurs et sur des observations directes, la mission d’inspection générale identifie les difficultés que les enseignants ont rencontrées et analyse les stratégies adoptées pour y faire face.

Le rapport énonce des recommandations visant à :

  • éviter les nombreux écueils rencontrés ;
  • pérenniser certains des usages numériques adoptés ;
  • aider l’ensemble de la communauté pédagogique ;
  • se tenir prêt au cas où il serait à nouveau nécessaire de recourir à un enseignement à distance.

L’ effort d’adaptation des enseignants au service de la continuité pédagogique en situation de crise sanitaire :

Le rapport salue l’engagement de l’ensemble des acteurs de l’éducation et souligne la forte résilience du système, qui a su répondre à la situation alors même que le système scolaire n’était pas prêt pour affronter une telle crise.
Le rapport recense les actions mises en place par les enseignants, pour faire face à la crise.

  1. Pour maintenir le contact social et pédagogique avec l’ensemble des élèves, tous les moyens de communication disponibles ont été mis à contribution. Les contacts téléphoniques, le courrier électronique, les blogs d’école ou des applications grand public (telles que Whatsapp ou Zoom) figurent parmi les moyens les plus employés.
  2. Sur le plan pédagogique, il est très vite apparu qu’un enseignement à distance reproduisant à l’identique les méthodes du modèle d’enseignement en présence était une impasse.
    La majorité des enseignants a renoncé à enseigner des notions nouvelles et s’est cantonnée à des révisions ou à des approfondissements de notions déjà rencontrées avec un recentrage sur les programmes de mathématiques et de français afin d’assurer une continuité avec le niveau supérieur.
    Une minorité de professeurs s’est tourné vers l’offre institutionnelle : ressources Eduscol ou Canopé, séquences de télévision scolaire académiques et nationales (Lumni, Wéo), classe virtuelle du CNED, site de l’AGEEM...
    Quelques enseignants possédant une pratique préalable du numérique ont choisi l’offre privée pour produire des capsules vidéo, des enregistrements audio, des activités ludiques, des quiz et autres exercices et leçons en ligne.
    En maternelle, les expériences de continuité pédagogique les plus réussies sont celles qui ont mis des outils techniques (Quizinière, Edpuzzle, Thinglink...) au service de la créativité et de l’imagination pédagogiques des enseignants, pour leur permettre de mettre en scène des situations conduisant aux apprentissages.
  3. Des « permanences » ont été mises en place pour les élèves et familles ayant besoin d’explications supplémentaires ou de conseils.
  4. Les modalités de l’EAD ont évolué en fonction de la disponibilité ou du niveau de compétences des parents pour suivre leur enfant ainsi que du matériel mis à disposition des enfants.
  5. Des actions de coordination par visioconférence ont été menées afin d’organiser le travail des élèves, d’équilibrer la charge du travail demandé et d’éviter une dispersion des méthodes et des outils.

Les difficultés liées à l’enseignement à distance ;

Si le rapport signale des aspects positifs de EAD comme le gain en autonomie des élèves, le lien de confiance renforcé avec les familles ou les évolutions didactiques et pédagogiques à poursuivre, il alerte aussi sur des insuffisances.
Il met en évidence des manquements comme :

  • l’absence d’outils institutionnels : équivalent au mur collaboratif « Padlet » ou à la plateforme d’échanges de vidéos « YouTube », ...
  • le problème de la formation des enseignants tant du point de vue de la manipulation des outils informatiques que des méthodes et pédagogies nouvelles adaptées aux contraintes du confinement ;
  • la fracture numérique en REP ou en milieu rural ;
  • la fracture sociale et la mobilisation des parents notamment en PS et MS de maternelle ;
  • la motivation des élèves et leur évaluation ;
    ...

Quelles qu’aient été les ressources mobilisées par le système scolaire, un nombre non négligeable d’élèves ont « décroché ».
Le rapport propose à ce titre, huit recommandations dont un état des lieux systématique du niveau d’équipement numérique des enseignants et des élèves ainsi qu’un entrainement en vraie grandeur des équipes à la fois administratives et pédagogiques, aux opérations et aux automatismes requis par des situations de crise, pour être prêt au cas où il serait à nouveau nécessaire de recourir à un enseignement à distance.

Téléchargement sur le site du ministère de l’Education nationale de la jeunesse et des sports :

Rapport des Inspecteurs généraux de l’éducation, du sport et de la recherche
https://www.education.gouv.fr/les-usages-pedagogiques-du-numerique-en-situation-pandemique-durant-la-periode-de-mars-juin-2020-308421